Bernard GRASSET | |
D'une famille de paysans-vignerons et de charpentiers, Bernard M.-J. Grasset a vécu jusqu'à l'âge adulte dans une petite commune aux confins de l'Anjou, de la Bretagne et du Poitou. Adolescent, il reçoit le Prix départemental de la Résistance. Etudiant en philosophie à Paris (notamment à la Sorbonne), il découvre l'art (peinture, musique). Après un séjour en Seine-Saint-Denis, il revient dans l'ouest comme cadre administratif. Marié et père de deux enfants, il vit et travaille à La Roche sur Yon. A la quarantaine, il soutient une thèse à l'Université de Poitiers : Les Pensées de Pascal, une interprétation de l'Ecriture (Paris, Kimé, 2003). Publié régulièrement depuis une vingtaine d'années (Arpa,Le Journal des Poètes, Les heures, Poésie sur Seine...). Il est l'auteur de quatorze recueils de poésie | |
Bibliographie | |
Bibliographie Racines (Maison rhodanienne de poésie, 1995) Récits I (Maison rhodanienne de poésie, 1997) Source (Prix de l'édition Poésie sur Seine, 1997) La Porte du jour I (Gerbert, 1999) Récits 2 (Fondamente / Multiples 2001) La Porte du jour 2 (La Bartavelle, 2001) Un soir d'exil (Encres Vives, 2003) Récits 3 (Fondamente /Multiples, 2005, Grand Prix Ville de La Baule) Palimpseste (Les Amis de Thalie, 2005) Recueillement (Le Petit Pavé, collection Le Semainier, 2005) Sonatine (Le Poémier de plein vent, 2006) Poèmes bilingues 1 Poèmes hébreu/ français Poèmes grec/ français (Prix de l'édition Littérales de poésie 2007) Voyage 1 (1992-1999), L'Epi de seigle, 2008 La Porte du Jour 3 (1995-1997), Interventions à Haute Voix, 2008 Liturgie (La Grande Ourse) (1988-1989), Editions de l'Atlantique, 2009 Contrepoints (1998-1999), Multiples / Fondamente, 2009. | |
Sur la terre une main a tracé Le signe Des cercles de vent ont parcouru La nuit Un peu de sang lave nos fronts La voix bleue se tait Pourpre la voix s’endort La nuit, le signe Des hôtes abandonnés La rivière a abreuvé la plaine | |
(Pergolèse, Stabat Mater ) | |
Récits 2 | |
Des saules vert clair Se reflétaient dans l’eau Entre les demeures. Un ouvrier observe les arches du pont Le cheval avec son fardeau Et le toit là-bas plus haut. Il s’arrête encore un peu Devant les pierres blanches de la façade Où montait l’ombre du soir Et rentre sans empressement Jusqu’à la chambre de pin Au juste trouble d’une rencontre. | |
(Sisley) | |
Récits 2 | |
Parcourant la cité Dans la brume à l’aube Et des visages s’approchent. Sur le muret un enfant A perdu l’aune des ricochets Le vallon, diffuse douceur, Termine une spirale. La passante agenouillée Glane des fleurs A travers le pré Que nul ne détenait. | |
(J.-B. Corot) | |
Récits 2 | |
Un fil de silence bleu Ajuste les colonnes Le tableau encore oscille. Au bout de la ruelle La gare a trois étages Donnant sur les tournesols Et les collines de chênes. Deux amis se rencontrent A chaque saison Dans la trace d’une stèle Pour vivifier l’adage | |
(Chirico) Récits 2 | |
L’hiver prépare les longues absences De neige s’étire l’aile ardente Cloches des hauteurs, crêtes du silence
Immobilité, de l’heure en aval et en amont tu déchiffres la flèche
De neige le lointain retrouve sa pierre endormie L’oiseau abandonne l’ombre des cimes Il frôle longtemps les cités en silence | |
Soir d’exil | |
Encore le nuage, encore le rose à son pourtour L’homme a le vertige de l’insecte-aube Qui dresse une toile, que la pierre écorche
A la fenêtre là-bas sur cette terre là-bas L’ode a purifié, nul n’y contredit Lourde et bleue une lampe oscille Garde le souffle, garde le souffle ici. | |
Soir d’exil | |
N’est plus tombe Instant d’instant Coquelicot, intérieur de goémon ?
Les mots tournent écièlés Vide, douleur Les mots tournent l’instant Vers le gîte du cœur
Et ce n’est qu’un temps plus vaste Cristal d’un regard Le même Martinet et oiseleur cessent le jeu, misent. | |
Soir d’exil | |
Ce n’est encore que temps de brume Arpents de neige A la fin de nos lettres éprises de branche vive.
Ce n’est que longue magie d’estuaire.
Cryptes d’eau bleuie, Escalier d’étoiles gravides, Angoisse du feu tellurien. Ce n’est encore que peuple dans les tavernes ivres d’hiver | |
Soir d’exil | |
Vers la mer Car les demeures prennent feu la nuit
Là-bas le temps règnent par les distances
Souffle proche Son épave d’ivresse
Vers la mer Et la Porte peut rester ouverte Là-bas le temps brûle dans l’espace | |
Soir d’exil | |
Avril sur les genoux de la terre Si haut dans le cyprès l’aile brune guette l’oubli
Le monde rebondit d’une feuille verte aiguayée
Dans l’instant bleu d’autres insectes éveillent le nord Paume de sarments stellaires
Avril comme jardin de l’angle d’or Blanche fontaine | |
Soir d’exil | |